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Être radicalement soi



"La naissance d'Éliah est la première graine plantée, celle qui ouvre la voie, et inscrit durablement une forme de radicalité en moi". En relisant ce texte écrit après la naissance d'Éliah, le mot “radicalité” s'est imprimé sur ma rétine. Qu'est ce que j'entendais par là en l'écrivant il y a 4 ans? Qu'est ce que j'en pense maintenant? Alors voilà, dans cette lettre c'est de ça dont je désire parler. De radicalité



Je vais dérouler à partir de la naissance d’Éliah, qui est mon point de départ à moi dans mon approche d’une autre forme de radicalité.

J’ai préparé la naissance d’Éliah en souhaitant de tout mon cœur un accouchement physiologique, le plus naturel possible, et sans intervention extérieure. J’ai choisi une maternité réputée pour son approche physiologique des naissances, je me suis entourée de personnes outillées pour m’accompagner sur ce choix là, j’ai lu beaucoup, beaucoup BEAUCOUP de théorie sur la naissance physiologique, mais aussi sur l’état des lieux du système hospitalier français et sur les violences obstétricales qui l’accompagnent. Ce souhait profond, s’est construit à partir d'un désir que je portais et moi, mais aussi en réaction aux violences obstétricales, en opposition au système hospitalier en place, et en rébellion face au patriarcat. Ma radicalité s’exprimait en réaction à un système extérieur, ma radicalité était une manière de me positionner « en marge de ». Cette rigidité m’a figée dans un terreau de peur, de stress et d’anxiété, ce qui n’était pas l’idéal pour un projet de naissance physiologique. Par glissement, ma radicalité est devenue rigidité, celle qui fige, fixe, immobilise, celle qui fait répondre par automatisme, sans nuances. Deux ans plus tard, pour la naissance de Cléophée, j’ai choisi de lui donner naissance à la maison, de la manière la plus naturelle possible, accompagnée d’une sage-femme. La grande différence, est que cette fois, ce choix je l’ai fait à partir de moi, animée d’un désir profond de me sentir en sécurité et apaisée. La société patriarcale et les violences obstétricales me mettaient toujours en colère, mais elles n’étaient plus au cœur de ce choix. Cette radicalité s’est incarnée depuis mon désir profond d’une naissance douce et libre, et à travers elle j’ai trouvé une assise, un ancrage, un rocher stable et solide sur lequel m’appuyer. Je te laisse deviner laquelle de ces deux naissances à été assistée et non respectée, et laquelle a été pleine de souveraineté et de douceur ♥ En revisitant mon histoire personnelle à travers ces deux naissances, je saisis ce que m’a enseigné la naissance d’Éliah. Il m’a invitée à me relier au sens premier de la radicalité, c’est-à-dire « qui est relatif à la racine, à l’essence d’une chose ». La radicalité comme ce qui permet de se relier au principe premier, fondamental, qui permet de désigner l’essence d’un processus, sa matrice originelle. Par son passage à travers moi, Éliah a comme activé cette connexion vers ce que je suis à l’intérieur, et par ce lien de nouveau possible, ma radicalité a commencé à s’exprimer par rapport à ce qui est juste pour moi dans le présent. C’est depuis mes racines, depuis ce qui est souterrain, profond, originel que progressivement, l’expression de ma radicalité s’est déployée. Aujourd'hui, la radicalité que j’ai envie d’épouser, est celle qui me permet de me relier à mon cœur, à cette essence que j’ai en moi depuis ma naissance. Ma radicalité nait de mes aspirations, mes désirs intimes, mes élans intérieurs, c’est à partir de ces espaces qu’elle s’étend. Ma radicalité implique une écoute absolue de ce qui me traverse, elle rend la demi-mesure difficile à accepter, les compromis compliqués à avaler, elle est mêlée d’une certaine intransigeance pour mon bien être et le respect de mon intégrité physique et mentale. Ma radicalité réside dans le fait d’ôter mes peaux, comme celles d’un oignon, de la plus fine à la plus épaisse, et de ne pas reculer face à cette tâche infinie. Ma radicalité se trouve dans le fait de ne plus m’échapper, de ne plus me raconter d’histoires qui cadrent avec ma réalité, de ne plus m’aveugler mais de tendre vers une expression la plus authentique possible de ce que je suis, quels que soient les changements en moi et autour de moi que cela implique. Cette radicalité est emprunte d’une volonté de rupture avec tout ce que j’ai pu penser comme acquis, évident, normal et que je souhaite reconsidérer aujourd’hui. Ça demande d’enlever mes peaux, unes à unes, avec patience et indulgence. Ça demande de me défaire des conditionnements sociétaux, Ça demande de sortir de mes schémas éducationnels et familiaux, Ça demande de libérer certains héritages, parfois transmis inconsciemment, Ça demande de détricoter ma propre histoire et de mettre en lumière tous les apprentissages tissés au fil de mes expériences. Et en laissant ma radicalité éclore à partir de ce que je suis, de ce que je porte en moi, je m’autorise à la faire évoluer en permanence, à la réajuster constamment, dans une recherche d’équilibre et d’harmonie intérieure. Alors oui, forcément, c’est confrontant. Ça ne veut pas dire que je ne ressens plus de colère ou d’amertume, ni que je suis devenue maître zen. C’est juste que ces émotions intenses qui me traversent souvent, ne sont plus au cœur de mes choix et de mes réactions, qu’elles ne me guident plus aveuglément comme cela a été le cas auparavant. Et ce que je remarque depuis que je prends conscience de cela, c’est que ma radicalité ne me met pas à la marge, bien au contraire. Je remarque que cet état d’Être me relie, me répare, ancre en moi une écoute profonde et un respect total pour mon corps et mon intégrité et harmonise mon lien au Vivant. Depuis que j’essaye d’être radicalement moi, je suis en mesure d’accepter radicalement l’autre. Depuis que je dis souvent “non”, je suis en mesure de prendre en compte les limites des autres et de les honorer. Depuis que je ne me force pas, je sens combien mes liens humains sont plus souples, plus nuancés et moins figés. Je vois comme mes interactions sont apaisées, avec moins d’attentes et de projections. Et je me demande si collectivement, ce serait possible de tendre vers ce même mouvement? De cesser de voir la radicalité comme une lame tranchante qui sépare, mais plutôt comme une palette peuplée de toutes nos nuances avec laquelle composer une œuvre qui nous ressemble et nous rassemble dans le présent ? D'envisager la radicalité comme une voix parmi d'autres pour atteindre la complétude ? Alors je te souhaite d'être radicalement Toi, à chaque seconde, de te réajuster en permanence à tes racines, à ce qui t’anime en dedans, pour t'ancrer en profondeur dans un terreau intérieur stable, harmonieux et soutenant. Je te souhaite de tracer ton chemin unique, libéré.e des conditionnements extérieurs, et d’écouter ta petite voix intérieure. Et j’espère qu’on va être de plus en plus nombreu.x.ses à enlacer cette forme de radicalité A l’exprimer depuis son endroit à soi, sans chercher à rallier ni à imiter, Simplement laisser danser sa propre radicalité Sans l’éteindre ni chercher à la cacher L’embrasser et la laisser révéler Ce qui demande à être exprimé Avec Amour Élise

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